Alpinisme
L’Aiguille Verte
Le Cervin, avec le Mont-Blanc et la Verte sont les trois sommets de l'arc alpin qui symbolisent le
mieux les aspirations des montagnards.
Après avoir gravi le Mont-Blanc et le Cervin dans les pages précédentes, un retour à Chamonix pour
prendre le petit train de la mer de glace et se diriger vers le "jardin".
Une fois sur la mer de glace, la Verte disparaît de notre vue et il faudra attendre le lendemain pour
l'apercevoir à nouveau. La traversée de la moraine entre le glacier de Leschaux et la mer de glace et
agrémenté par la recherche de quartz. En effets si nous prenons la peine de chercher nous trouvons par
ci par là quelques minuscules filons. Enfin les échelles sont là et nous faisons notre arrêt "midi" au pied.
Rapidement nous prenons de la hauteur. Le "coeur" de pierre joliment appelé le "jardin", posé au
milieu du glacier, donne une note originale, complétée
par le vieux refuge du couvercle blotti depuis toujours
sous la vaste dalle de granit qui lui sert de toit.
Fidèle à notre habitude nous continuons vers le
pied de l'éperon de la Grande Rocheuse à la recherche
d'un emplacement de bivouac. Quelques coups de pelle,
et notre abris est installé. Gain de temps et de fatigue
pour le lendemain.
Bien avant le jour nous gravissons seuls le couloir
Wymper. La neige n'est pas idéale mais en se
dépêchant nous
devrions être
redescendu avant que
le soleil n'ai franchi la crête.
Les dernières longueurs sont plus raides, mais la forme incurvée
du couloir coupe la perspective fuyante. Avec le soleil, nous surgissons
sur l'arête finement ourlée de corniches et c'est à corde tendue que nous
terminons notre progression. C'est là, entre ombre et lumière que la
phrase de Gaston Rébuffat me revient en mémoire "c'est à la Verte que
l'on devient montagnard". A cet instant je pense qu'il avait raison.
Du sommet quel point de vue ! De quelques côtés que l'on regarde
c'est grandiose. Du Mont-blanc à l'ouest à l'aiguille du Tour à l'est en
passant par les grandes Jorasses et le Mont Dolant, sans oublier
l'Argentière et le Chardonnet, que de souvenirs inscrits dans les couloirs
et les arêtes. Notre regard s'attarde plus longuement sur l'éperon de la
Brenva et si ce n'était la trajectoire du soleil qui se dirige
inéluctablement vers le Wymper et nous oblige à redescendre.
Au bas du couloir, après avoir reçu sur l'épaule une
pierre de taille respectable, envoyée par une cordée au
dessus de nous, nous retrouvons notre bivouac. C'est là
que l'on regrette d'avoir monté un si gros sac car
maintenant il faut tout redescendre. Mais le plaisir
d'une nuit, à la belle étoile, blotti au pied de la voie que
nous allons parcourir le lendemain, reste un moment
inoubliable. En effet, du fond de notre duvet, nous
pouvons contempler, jusqu'à la nuit, le vaste échantillon
de couleurs que prend la neige au fur et à mesure de la
longue chute du soleil au bas de l'horizon. Du blanc
étincelant au bleue glacial en passant par une infinie
palette de rose et d'orange, la montagne tombe dans la
nuit, remplacée par l'éclairage discret des étoiles qui,
une à une, montent dans le ciel. Il semblerait presque qu'elles essayent de nous indiquer notre chemin !
4.122 m - le sommet